Récollection du 14 mars 2024 par Mgr Thibault Verny
-L’Archevêque des trois diocèses de Savoie tient à ouvrir sa prise de parole par l’annonce de deux informations sur le calendrier d’activités des diocèses.
- Le décret de reconnaissance du miracle, support de la cause de béatification du Père Camille Costa de Beauregard devrait être signé par le Pape François aujourd’hui. Cette très heureuse nouvelle nous est confirmée en fin de matinée. Mgr Verny précise que la prochaine étape sera la cérémonie de béatification qui aura lieu à Chambéry, après le pèlerinage du jubilé à Rome.
- Il informe sur le sens de l’année jubilaire fêtée dans l’Église tous les 25 ans. Il rappelle que la pulsation du temps de dieu est depuis toujours, ainsi que le livre de la Genèse le montre avant la création du soleil et de la lune le 4e jour. C’est à partir de ce jour que la pulsation du temps imposée à l’homme est calée sur celle du temps de Dieu. Ce rythme est marqué tous les 25 ans par la célébration d’une année sainte. Et 2025 sera donc une année jubilaire. A cette occasion, toutes les paroisses des trois diocèses sont invitées à participer au pèlerinage de cinq jours à Rome, pendant la semaine suivant les fêtes pascales. Il précise que le déplacement sera organisé à partir de chaque paroisse et que tous les participants se retrouveront à Rome.
Thème de la rencontre :« OSER CRIER VERS DIEU »
Mgr Verny articule son propos sur trois principes : Nommer les choses, crier vers Dieu et prier.
NOMMER LES CHOSES :
Dans notre rapport avec les personnes, et plus particulièrement celles qui souffrent, il ne faut pas renoncer à nommer les choses telles qu’elles nous apparaissent. Il faut appeler noir ce qui est noir et blanc ce qui est blanc. Un scandale doit être dénoncé.
Toutefois, l’expression de la vérité doit être précédée d’un temps consacré au discernement, pour ne pas risquer de blesser la personne.
La capacité de pouvoir nommer les choses avec discernement est un des dons de l’Esprit-Saint. L’objectif est de prendre conscience combien on est aimé de Dieu. Un des moyens privilégiés d’atteindre cet objectif est de recevoir le sacrement de la réconciliation, en reconnaissant ses faiblesses à se laisser éclairer par la lumière du soleil de Dieu.
En posant les mots qui nous sont inspirés, on ne peut pas oublier que notre quête d’un réconfort dans l’acceptation à recevoir l’amour de Dieu se heurte plutôt souvent à constater l’absence apparente de Dieu, à subir un silence lourd de détresse.
Et pourtant, Jésus nous démontre que, à sa suite, nous ne devons pas avoir peur. Sa tranquillité dans les tempêtes, dans la barque de ses disciples ou sur le rivage du lac Tibériade en furie surprend ses disciples. Pendant ces épreuves, Jésus dort.
CRIER VERS DIEU :
La Bible est constituée de beaucoup de récits qui nous scandalisent par leur violence physique ou morale. Face à cette violence, l’homme crie sa détresse et les psaumes expriment souvent cette dernière. Avec les psaumes, nous devons crier vers le Seigneur.
Mais n’oublions pas que Jésus lui-même a prié par ces psaumes et que sa souffrance au cours de sa Passion est du même ordre que celle dont les personnes peuvent souffrir du corps et ou de l’âme.
Le contenu de la Bible est le fruit de pensées et d’actions inspirées par la quête de l’amour de Dieu dans l’ancien testament et par l’expression de cet amour dans le nouveau testament. Ce n’est donc pas un récit qui a été imposé. Il a été vécu par ses acteurs.
Et la construction de ce récit nous offre un classement par thème des différents psaumes, une « boîte à outils » qui nous permet de trouver le récit le mieux adapté à répondre à une situation vécue.
Dans l’expression de demande de secours à Dieu, le cri s’exprime par la vocifération humaine, mais surtout par la prière. Celle-ci est le mode de communication privilégié à la disposition de tous les baptisés.
La fin ultime de l’expression de cette demande correspond à la mort terrestre ou à l’absence de force intellectuelle pour crier, du fait de l’ampleur de la souffrance qui étouffe toute expression. L’expression peut être aussi empêchée par une lassitude trop pesante, dans laquelle la personne souffrante ne perçoit que l’absence de Dieu.
PRIER :
Mgr Verny rappelle que chaque baptisé est membre du corps que Jésus a constitué en Église. A ce titre, nous devons intercéder comme un ambassadeur des personnes souffrantes auprès de la Trinité, éventuellement par l’intermédiaire de Marie ou de telle ou telle figure sainte.
La liturgie des heures rythme cette ambassade communautaire. Parmi les différents offices, celui des complies du vendredi soir est celui qui véhicule l’atmosphère la plus ténébreuse. Il ne faut pas oublier que, comme le dit le dicton : « Il ne peut pas y avoir de dimanche s’il n’y a pas de vendredi. » La résurrection ne peut pas exister si Jésus n’a pas traversé la mort.
Le but du Carême, c’est de vivre Pâques. Par la résurrection à laquelle Jésus nous invite à participer, la mort est vaincue et rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu.
Cette mission d’intercesseur devrait emprunter plus souvent le vecteur des intentions de la prière universelle dans chaque célébration eucharistique. La personnalisation de ces intentions devrait être préférée à la reproduction d’intentions trop génériques et donc peu précises.
La personne de Marie et son exemple de fidélité silencieuse nous aide à rester en confiance à l’égard du soutien de Dieu dans nos vies.
Marie a médité dans son cœur tous les événements . Elle est appelée « étoile du matin », la dernière étoile de la nuit qui annonce le lever du soleil de la résurrection.
Mgr Verny termine son propos en appelant notre attention sur les invraisemblances physiques que le sculpteur Michel Ange a volontairement créées dans la réalisation de son œuvre en marbre, dite « La Pieta » exposée à l’entrée de la basilique Saint-Pierre.
Le visage de Marie est celui d’une adolescente de 17 ans, alors qu’elle est la mère d’un homme de 33 ans.
La carrure des épaules de Marie est loin d’être celle d’une mère de plus de quarante ans et plutôt celle d’un athlète masculin.
Enfin, le placement des mains de Marie ne lui permettrait pas physiquement d’empêcher le corps inerte de son fils de glisser de ses genoux.
Mais Michel-Ange aurait justifié cette dernière invraisemblance par le geste de Marie de confier aux baptisés de prendre soin du corps de Jésus.